Cette image a été réalisée à Blagnac en 2012 dans le cadre du projet « Clin d’œil au passé, regards d’avenir » portant sur la rénovation de plusieurs opérations de logements sociaux de la ville. Ces fragments de vies, dans un logement abandonné avant démolition, sont chargés en symboles: des cartes du monde et d’Europe au mur, des annuaires au sol, un ancien luminaire en forme de sphère, les ingrédients pour pouvoir imaginer des histoires.
Jean-Claude Martinez
Texte: Fabien Arnaud – journaliste-
Faceboock: Fabien Arnaud
Le déménagement avait laissé derrière lui un univers figé dans le chaos. Comme tombé de son orbite, le lustre-globe gisait au sol dans une constellation d’objets abandonnés.
L’astre de papier n’était plus qu’une lumière éteinte dans la galaxie de l’obsolète, entre la tapisserie à fleurs, au bout du rouleau, une mappemonde usée de rêves de voyages et des annuaires d’un autre âge, aux pages définitivement tournées.
Plus personne au bout du fil, dans cet appartement où avaient résonné les sonneries métalliques d’un téléphone à cadran. Des lieux désormais aux abonnés absents. C’étaient les derniers instants de silence avant le grand fracas de la démolition, le big-bang d’une nouvelle ère.
Bientôt, ces bribes de XXe siècle seraient à jamais soufflées, réduites en poussière. Où étaient les anciens habitants de cette planète exsangue, dont les heures étaient comptées ? On les imaginait à leur nouvelle adresse, entre des murs achevés de frais. Peintures blanches, pour oublier le papier peint aux gros imprimés, trop longtemps subi. Et des spots intégrés à la place de l’ancienne sphère à ampoule, mise au rebut sans regret.
La vie continuait ailleurs, peut-être à deux pas de là, mais en même temps, à des années lumières.
Texte: Colette Derdevet-Meneau -9 Avril 2020-
« partir, dit-elle »,
Dans la maison qu’elle a laissée
Dans sa maison qui l’a quittée
Il y a collé au mur
La terre avec ses hémisphères
Le Nord et le sud tout aplatis
Et roulée par terre
Seule reste la terre
Ecorchée de ses désirs
Ses rêves en partance
Elle qui n’est jamais partie
Si ce n’est de sa maison
Un lundi
Dans sa maison elle a cloué
La peau de la terre
Avec dessus ses utopies ;
Ne la cherchez pas
Elle a changé d’adresse
C’était un lundi
Vous vous souvenez d’elle ?
Texte: Alain Fornells fabriquant de meubles modestes -09 avril 2020-
Facebook Les Meubles Modestes
Dans mon rêve d’avant ce moment, l’habitante serait là, dans sa maison encore en bon état, bien en ordre. Annuaires sur la tablette, près des cartes au mur.
Et à cette jeune habitante imaginaire, je demande : -Que représente la maison pour toi ?
« -C’est une grosse boite accrochée à ma petite boite aux lettres qui porte deux mots, le nom et le prénom qui sont les miens.
C’est aussi un objet relié à un fil pour ne pas se perdre, le fil d’un téléphone. Ces choses-là permettent d’exister.
Là je cesse de faire semblant, je cesse de faire ce que l’on me demande, et ce toit protège mon corps et ma tête, comme pour tout habitant.
C’est ma fenêtre ouverte sur la ville, là je me repose au bord du monde.
C’est le lieu où mon corps est immobile alors que ma pensée avance.
C’est le seul endroit où je rêve.
Mais ce n’est qu’une case, et je ne veux pas me caser.
Cette pièce est un coffre ancien plein de poésie, de récits de voyages laissés par l’aïeule, bien avant.
Ici, Mamé la gitane c’était arrêtée et j’y prépare mes voyages à venir.
Alain, je t’offre un café maintenant? «
Texte: Christophe Mancardi -9 avril 2020-
Des fleurs au mur
Un tracé déchiré,
Un annuaire pour son oublié,
Est ce son passé ?
Ou une histoire inspirée
D’un souvenir ignoré ?
C’est juste une source
Qui a un espoir…
De vivre un laps de temps
D’un ailleurs enchantant,
Une réalité de l’existant,
Un rêve qu’hier est encore aujourd’hui !
Ou les objets ne sont que les reflets des non-dits…
Nous ne sommes que l’envie entre notre passé et
notre présent et notre futur
Texte: Inés Romero Pérez, habite en Andalousie
Facebook Inés Romero Pérez
“Astillas de realidad en un mundo global”
La vulnerabilidad de una globalización edificada sobre Escrituras de intereses económicos y guerras de poder, sin pilares de nobleza ni estética ni moral, se refleja en un mundo de escombros de naturalezas muertas provocadas por monstruosas y diminutas micro naturalezas vivas.
Esa vulnerabilidad tiene una dimensión plana, un mapamundi de papel…
La reconstrucción de la Humanidad tiene la imagen de una esfera blanca, descontaminada, tridimensional, desde la individualidad, con una inmensa boca abierta ávida por respirar…
« Eclats de realité dans un monde global »
La vulnerabilité d’une globalisation édifiée sur des écritures d’intêrets économiques Et guerres de pouvoir, sans piliers de noblesse, sans esthétique ni morale, se refléte dans un monde de décombres de natures mortes provoquées par de monstrueuses et miniscules natures vivantes.
Cette vulnerabilité a une dimension plate, une mapemonde de papier…
La reconstruction de l’Humanité a l’image d’une sphère blanche, vue depuis l’individualité, comme une immense bouche ouverte, avide de pouvoir respirer…
Texte: Michel hue Abbaye de Flaran-Gers
Facebook: Michel Hue
Un papier peint aux curieuses fleurs « en couronne » ( comme autant de germes disséminés), des annuaires – La comm- en vrac (comme notre isolement en confinement), des cartes du monde (pointant l’évolution inexorable de la pandémie) et un globe à terre (comme notre planète en ce moment)….
… manquerait la fenêtre ouverte pour l’espoir !
Texte: Gilles Théron, habite Rennes
L’opération de rénovation du quartier avance trop vite, tout se précipite et la préparation du voyage est prise au dépourvu. Qu’-importe je reste, les meubles sont partis, je reste, je continue à genoux sur le sol. Ma vieille tapisserie au décor un peu japonisant n’a plus d’importance si ce n’est pour y apposer deux cartes sauvées in extremis. L’Europe résiste mais le monde se déchire quelque peu sous l’effet d’un courant d’air actionné par un volet qui bat. Je pars de chez moi, mais pour quel voyage ?
J’ai ouvert l’annuaire à la page des agences, je ne veux pas voyager seul, ne rien faire, ne rien risquer. Que du « all inclusive » pour quelqu’un qui se sent exclus et qui a peur, ça devrait le faire. J’ai pourtant prévu un guide touristique et un manuel pour apprendre les mots essentiels, le vocabulaire de survie… Je n’arrive pas à me décider.
L’abat-jour ne tenait plus bien de toute façon. Il a roulé sur le sol et s’est fixé sous les cartes, il a des allures de mappemonde. Si avec tout ça je ne me décide pas !
Texte: Claire Lhomme
Facebook Claire Lhomme
Le monde d’Avant
Ai-je toujours vécu dans le monde d’avant ?
Avant, après, maintenant
Peu importe le temps
Etre reliée à ce qui me touche, m’anime, les valeurs qui me composent, qui font de moi l’être humain que je suis
Sont pour moi l’essence (le sens) de la vie
Comme l’impression que cette photo reflète l’intérieur de mon Isba
Les cartes me relient à la géographe que je suis
Boule de lumière, boule de feu qu’est le Soleil qui chauffe notre Cœur et notre Terre
Annuaire, lien, communication, échange, papier, palpable, feuilles fines au milieu desquelles se sont perdues quelques plantes destinées à composer un herbier
Feu d’artifice de fleurs, nature à l’intérieur, ainsi garder en souvenir leurs parfums humés lorsque je les ai contemplé quand j’étais un arpenteur
Univers, Apesanteur, Chaleur, Humanité, Douceur, Harmonie de cet ancien nid
Texte: Anne Paulet « Scripta 21 »
En 2012 avait été annoncée la fin des mondes. On ne pouvait marcher au-delà du périmètre dicté par le jugement. On appelle cela une parésie. On est enfermé parce que l’on n’a rien. Sur les mondes devenus rêves je peux m’y promener autant de fois qu’un soleil me rentre. Les chansons s’élèvent des quotidiens finis, et d’un quotidien des limites. Ils permettent de voyager d’abord et par delà les feuilles en papier. Allers plus ou moins mouvementés aux retours fertiles. Les sphères éclairent des partitions de sons souvent désappointées (comme une mine de crayon) des fois achromatiques. Le début d’où se reposer est-il l’avenir de l’espoir ? Une comète c’est une comète. Les planètes en cendres, ces évolutions, morceaux des rochers célestes rentrent par les bronches symptomatiques. Des fois nous regardons avec intensité l’invisible d’un impérissable. Et la mémoire tapie se rie de ses ombres. Aller sur ces mondes est un parcours. Aller de l’intérieur est ce voyage. L’avenir refait-il surface ?
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